Landscapes in Practice: Iterative learning and adaptation

Integrated Landscape Management (ILM) entails dealing with complexity and uncertainty, of which the interests of diverse stakeholders are an important part. Management strategies such as Adaptive Management and Collaborative Management have emerged to address these challenges and have been operationalized as an approach called Adaptive Collaborative Management (ACM).

This Landscapes in Practice edition aims to offer an overview of the common themes and concepts across these approaches, identifying lessons and proposing ways in which they can contribute to an ILM process. It will also synthesize steps to incorporate iterative learning processes and adaptation into ILM-focused programmes and projects. Ultimately, our goal is to explain key concepts and identify essential steps for practitioners who employ an ILM approach to develop the critical pillars of iterative learning and adaptation within their project cycle.

Key messages

  • Iterative and adaptive learning are seen as key characteristics of effective Integrated Landscape Management (ILM) initiatives, yet ILM implementers may need support to operationalize iterative learning and adaptation in their programmes.
  • Given that landscapes are highly complex and dynamic socio-ecological systems fraught with uncertainty over how they function, interact and react, stakeholders involved in management should adopt a ‘learning by doing’ approach to identify best practices and improve over time.
  • Adaptive management is an approach that treats management as an experiment that tests interventions based on available information, and evaluates outcomes to adjust future management decisions and actions.
  • By convening stakeholders to work together towards a common goal (to collaborate), and by promoting social learning (developing a shared understanding within groups), ILM facilitators can encourage an iterative approach to planning and decision-making to better manage complexity in a changing world with many unknowns.
  • There are four steps that can assist in operationalizing this concept in ILM: stakeholder engagement, problem/objective definition, action planning, and monitoring/reflection (then back to action).

L’expérience d’un paysage contesté au Ghana

Du conflit à la collaboration grâce à une gouvernance paysagère inclusive : dans ce nouvel article, James Reed et ses collègues auteurs décrivent une expérience d'engagement et de vision dans le nord du Ghana qui peut servir de leçon aux praticiens du site la GIP dans de nombreux autres paysages.

Transport des ânes dans le nord du Ghana.

Photo par Axel Fassio/CIFOR

Ces processus d’engagement ont permis aux parties prenantes de réfléchir à leurs contributions et aux défis historiques et contemporains qui entravent la résilience et la durabilité des paysages. Malgré la nature contestée de l’utilisation des terres et des ressources naturelles, les parties prenantes ont pu se mettre d’accord sur des questions spécifiques d’intérêt commun et sur une vision commune idéalisée d’un paysage futur… Nous pensons que le modèle de théorie du changement et les recommandations qu’il contient peuvent contribuer à l’élaboration d’un plan de gestion durable des paysages et d’une politique future fondée sur des données probantes.

Reed et Al.

Le Western Wildlife Corridor (WWC), dans la zone écologique de la savane septentrionale du Ghana, est un paysage contesté où les efforts visant à inverser la dégradation généralisée de l’environnement entrent souvent en conflit avec les préoccupations des populations locales et les objectifs de développement plus larges. Malgré les mesures politiques visant à déléguer le pouvoir de décision en matière de ressources naturelles, la mauvaise gestion de l’environnement, les défis socio-économiques persistants et les possibilités de subsistance de plus en plus limitées pour les personnes vivant dans le corridor prévalent. Cette étude examine la dégradation de l’environnement dans la CMB et la gouvernance des ressources naturelles à l’aide d’informations sur les perceptions des parties prenantes issues d’ateliers, de discussions de groupe et d’entretiens avec des informateurs clés. Nous explorons également la manière dont la gestion des ressources naturelles pourrait être renforcée pour mieux atteindre les objectifs sociaux, économiques et environnementaux. Nous avons constaté qu’en dépit d’un passé de contestation, les parties prenantes ont été en mesure de s’entendre sur des questions spécifiques d’intérêt commun et de générer une vision collaborative pour le paysage du WWC. La transition vers une telle vision nécessite des investissements importants pour renforcer les structures de gouvernance actuelles et développer les capacités de gestion des ressources naturelles dans le corridor et au-delà. En outre, les défis persistants liés aux objectifs contradictoires des parties prenantes et les questions relatives à la coordination, à la corruption et à la non-inclusion dans la prise de décision concernant les ressources naturelles doivent être abordés pour faire avancer les choses. Les parties prenantes ont pu formuler des recommandations spécifiques et une théorie participative du changement pour informer le développement d’un plan de gestion durable du paysage et d’une politique future basée sur des preuves qui pourrait orienter le WWC vers un système plus résilient et multifonctionnel qui soutient équitablement les moyens de subsistance, la biodiversité et le développement économique au sens large. Les méthodes d’engagement inclusif dans la prise de décision environnementale sont extrapolables à d’autres contextes confrontés à des défis socio-environnementaux similaires.

En outre, les discussions sectorielles et les négociations de groupe ont permis de formuler des objectifs concrets à court, moyen et long terme, ainsi que des actions spécifiques, des interventions et une série de solutions potentielles aux obstacles actuels qui, ensemble, pourraient contribuer à réorienter et à transformer la gouvernance et la gestion du CME. Ces recommandations nous ont permis de générer une théorie du changement pour le paysage du CME qui sera partagée et validée avec un groupe plus large de parties prenantes, y compris celles qui n’étaient pas présentes aux ateliers.

Reed et al.

Newsletter #7 | Mai 2024

Conversations sur le pouvoir et lancement de notre nouvelle série de guides "Paysages en pratique" destinés à des personnes comme vous : les champions du paysage.

Nos champions du paysage sont ces héros de tous les jours qui s’appliquent La gestion intégrée des paysages dans des lieux et des espaces du monde entier, ainsi que les chercheurs, les stratèges, les décideurs politiques et les bailleurs de fonds qui défendent le processus.

Cela vous ressemble ?

Lisez la suite pour des conversations honnêtes sur le pouvoir, une nouvelle série de guides pratiques pour des personnes comme vous, et les communautés de groupes de pratique que nous mettons en place pour que vous puissiez collaborer et compatir avec vos pairs.

Parlons pouvoir !

Un matin mémorable dans le nord du Kenya, la conversation autour d’un café à l’aube s’est orientée vers un sujet qui revient sans cesse mais qui est très rarement abordé directement. Nous vous invitons à vous installer au milieu du vacarme des cigales et à écouter la conversation entre les membres de la Composante centrale sur ce mot « sale » : le pouvoir.


CONNAISSANCES

🚀 Lancement d’une nouvelle série : Paysages en pratique

Nous, la Composante centrale, sommes chargés de synthétiser et de diffuser les connaissances et les enseignements tirés des 22 projets de Landscapes For Our Future. Notre nouvelle série de guides à l’intention des praticiens vise précisément à faciliter la mise en œuvre de ce que nous avons proposé comme étant les six dimensions ou éléments fondamentaux des approches paysagères.

Nous serions ravis d’entendre vos réflexions : ces six propositions constituent notre hypothèse initiale, susceptible d’être modifiée au fur et à mesure que l’apprentissage progresse. Qu’en pensez-vous ? Dites-nous ce que vous en pensez dans les groupes communautaires WhatsApp ci-dessous.


ÉVÉNEMENTS

Rendez-vous à Kinshasa ?

La 20e réunion des parties au Partenariat pour les forêts du bassin du Congo (PFBC) se tiendra du 3 au 5 juin 2024 à Kinshasa, en RDC. Nous serons présents pour discuter de La gestion intégrée des paysages comme solution dans le bassin du Congo et pour lancer notre nouvelle série « Paysages en pratique ». Si vous êtes présent à ce prestigieux événement régional, rencontrons-nous ?


NOUVELLES

Que se passe-t-il sur la GIP? Discutons-en ici.

Vous êtes invité à rejoindre la communauté Landscapes For Our Future sur WhatsApp, où vous trouverez une série de groupes dans lesquels vous pourrez partager vos hauts et vos bas, vos questions et vos succès avec d’autres champions la GIP. 😊

C’est un espace pour nous tous. Invitez tous les membres de votre équipe et vos partenaires à rejoindre cette communauté. Si vous souhaitez créer et animer votre propre groupe de discussion au sein de la communauté, nous vous invitons à le faire.


Nouvelles ou points de vue à partager ? Nous serions ravis d’avoir de vos nouvelles alors que nous apprenons et mettons en œuvre ensemble le processus La gestion intégrée des paysages.

– Composante centrale

Paysages en pratique : Institutionnalisation

Paysages en pratique est une nouvelle série de guides destinés à faciliter la mise en œuvre des six dimensions fondamentales de la gestion intégrée du paysage (GIP). Ce document traite de l'importance de l'institutionnalisation et propose une stratégie en huit étapes pour y parvenir.

En pensant aux « champions » du paysage, les auteurs ont entrepris de fournir une vue d’ensemble de l’état des connaissances, dans le but d’orienter vos réflexions et de catalyser une action adaptative sur le terrain.

Qui sont ces champions ? Ce sont les praticiens sur le terrain ainsi que tous ceux qui défendent les approches paysagères. Si c’est votre cas, lisez le résumé du document. Mieux encore : téléchargez le document PDF complet (12 pages).

Messages clés

Pour que l’impact d’une intervention paysagère soit durable, une « institutionnalisation » efficace est nécessaire.

  • Cet objectif peut être atteint en intégrant des processus de planification et de prise de décision participatifs, adaptatifs et intersectoriels dans les institutions et les systèmes existants.
  • L’institutionnalisation peut renforcer la viabilité, la continuité et la résistance d’une initiative paysagère face aux perturbations et aux changements politiques. En outre, elle peut ouvrir de nouvelles voies pour influencer la politique et la programmation du développement durable.
  • Le manque de capacités, de ressources et l’importance accordée à l’obtention d’impacts quantifiables à court terme dissuadent les « champions du paysage » d’investir efficacement dans l’institutionnalisation. Par conséquent, le risque est plus grand de voir leurs initiatives paysagères s’essouffler, surtout lorsqu’elles sont considérées uniquement comme des « projets ».
  • Sur la base de l’expérience acquise dans le suivi et la mise en œuvre d’initiatives paysagères, nous proposons une stratégie en huit étapes qui permet aux champions du paysage d’institutionnaliser plus efficacement une approche paysagère.

Une stratégie d’institutionnalisation de la GIP

La stratégie itérative en huit étapes proposée par les auteurs au nom de la composante centrale du programme Paysages pour notre avenir est conçue pour exploiter les avantages de l’institutionnalisation tout en s’attaquant aux obstacles. Elle dépend de la mise en œuvre effective des autres dimensions de la GIP et s’inspire des expériences de première main en matière de mise en œuvre et d’évaluation de projets de développement adoptant des approches paysagères et juridictionnelles.

Les champions peuvent adapter cette stratégie en combinant, en sautant ou en ajustant la séquence des étapes en fonction de leur contexte et de leurs besoins spécifiques.

  1. Anticiper : Il est essentiel d’anticiper les obstacles à la mise en œuvre, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du paysage. Cela nécessite une évaluation participative qui aide à identifier les parties prenantes stratégiques ainsi que les structures, les processus et les capacités que l’initiative devrait viser à influencer ou à renforcer, sur la base de la vision commune de l’initiative.
  2. Impliquer : Les parties prenantes stratégiques identifiées à l’étape 1 doivent être activement impliquées dès le début des événements de co-création et des processus multipartites de l’initiative.
  3. Planifier : Élaborer conjointement avec les partenaires du projet (limitrophes) une stratégie d’institutionnalisation qui relève les défis, crée des synergies et exploite les possibilités identifiées à l’étape 1.
  4. Aligner : aligner les initiatives en matière de paysage sur les politiques, les plans, les stratégies et les structures institutionnelles internes et externes pertinentes.
  5. Documenter : Documenter systématiquement les succès, les obstacles et les échecs de l’initiative paysagère, en particulier en ce qui concerne l’adoption, la reproduction et l’extension des initiatives paysagères et des solutions associées.
  6. Communiquer : Renforcer l’engagement et la sensibilisation des parties prenantes internes et externes en communiquant sur les progrès des initiatives, les réalisations documentées, les enseignements tirés et les résultats.
  7. Apprendre : Faciliter l’apprentissage vertical et horizontal en créant des espaces permettant aux parties prenantes d’échanger leurs expériences et leurs connaissances à différentes échelles et entre les secteurs et les domaines de la société.
  8. Influence : Une fois les étapes 1 à 7 franchies, les acteurs du paysage sont mieux placés pour influencer les environnements favorables.

Téléchargez le document complet pour plus de détails sur chacune de ces huit étapes, ainsi que sur la manière de surmonter les obstacles et de tirer parti des engagements politiques existants.

Parlons pouvoir !

Nous vous invitons à vous installer au milieu du vacarme des cigales et à écouter la conversation sur ce mot "sale" : le pouvoir.

Lorsque notre composante centrale s’est réunie récemment dans le nord du Kenya pour un atelier d’équipe, les conversations ont été passionnantes. Un matin à l’aube, Valentina Robiglio a pris un café et s’est assise avec ses collègues Kim Geheb et Peter Cronkleton pour discuter d’un sujet qui revient sans cesse sur le tapis mais qui est très rarement abordé directement.

Valentina : Ces derniers jours, nous avons beaucoup parlé de la GIP, de la gestion des paysages et des approches paysagères, ainsi que des six éléments importants pour la GIP, mais nous n’avons pas vraiment abordé un élément sous-jacent que nous savons être très important, à savoir le pouvoir. Pouvez-vous nous en dire plus ?

Kim : Les paysages sont produits par la société. Ils sont la conséquence de l’activité humaine et des relations humaines. Et, bien sûr, dans le cadre des relations humaines, le pouvoir est une caractéristique puissante des relations entre les personnes. Nous comprenons ainsi que le pouvoir se retrouve dans notre compréhension des paysages. En fait, je soupçonne souvent que le pouvoir – et les relations de pouvoir entre les parties prenantes au sein d’un paysage – définit le paysage. C’est une caractéristique très dominante de l’aspect des paysages, de leur état et de la manière dont ils sont finalement gouvernés et gérés.

En fait, je soupçonne souvent que le pouvoir – et les relations de pouvoir entre les parties prenantes au sein d’un paysage – définit le paysage. C’est une caractéristique très dominante de l’aspect des paysages, de leur état et de la manière dont ils sont finalement gouvernés et gérés.

Kim Geheb

Valentina : Ainsi, lorsque vous pensez au pouvoir de cette manière, puis aux relations que les parties prenantes peuvent avoir à travers les institutions formelles et informelles, y a-t-il un moyen de réguler ou d’influencer les relations de pouvoir dans un paysage afin d’atteindre le résultat ?

Kim : Nous n’aimons que très rarement parler de pouvoir. C’est un mot un peu vulgaire et pourtant c’est un élément si important de la caractérisation d’un paysage. Je pense qu’une grande partie des approches que nous utilisons dans le contexte de la GIP concernent implicitement la gestion des relations de pouvoir. Par exemple, nous parlons d’inclusion. C’est parce que nous reconnaissons qu’il y a un groupe de personnes au sein du paysage qui n’est pas inclus dans le paysage du pouvoir. Nous essayons donc de gérer cela. Lorsque nous utilisons des forums multipartites, par exemple, c’est aussi une autre façon d’essayer de faire en sorte que le pouvoir soit mieux réparti entre les participants d’un paysage. Très souvent, les types de renforcement des capacités que nous fournissons ont pour but d’autonomiser les gens ».

Nous n’aimons que très rarement parler de pouvoir. C’est un mot un peu vulgaire et pourtant c’est un élément si important de la caractérisation d’un paysage.

Kim Geheb

Peter : Je pense que vous avez soulevé un point important l’autre jour en parlant des promoteurs des projets la GIP, qu’il s’agisse d’ONG ou d’autres types d’acteurs : ils ne sont pas conscients de leur propre pouvoir et ne voient donc pas leur capacité à rassembler les gens, leur capacité à interagir avec les personnes à différents niveaux de pouvoir dans un paysage. Ils sous-estiment l’importance du pouvoir parce qu’ils arrivent en tant qu’acteur puissant dans un paysage. Je pense donc que nous avons bien fait de parler du fait de ne pas être plus conscient de la dynamique du pouvoir et de la manière dont un facilitateur externe joue un rôle dans cette dynamique, mais d’être conscient de lui-même en tant qu’intermédiaire, d’essayer de combler ces fossés entre différentes personnes, en réalisant que lorsqu’il sort du système, les choses peuvent nécessairement revenir à leur forme initiale. Ils doivent donc en tenir compte : comment changer la dynamique du pouvoir sans mettre les gens en danger, sans créer de conflits, sans engendrer d’autres types de problèmes qui n’étaient pas prévus au départ.

Kim : Tout à fait. Nous pensons donc que lorsqu’il s’agit de formuler un projet, la façon dont nous comprenons notre intervention est un élément essentiel. Je veux dire que même le mot « intervention » a des connotations de pouvoir, et donc notre intervention dans un paysage doit s’accompagner d’une réflexion critique sur notre pouvoir en tant que techniciens, en tant que personnes hautement éduquées, en tant que personnes potentiellement issues d’autres cultures : comment cela va influencer la dynamique du pouvoir au sein d’un paysage. Cela devient vraiment très, très critique.

Valentina : Je me suis dit que nous parlions maintenant du pouvoir en général, mais qu’il s’agissait du pouvoir de faire quoi ? Et peut-être, sur la base de votre expérience et des initiatives que nous examinons dans le cadre du projet, pourriez-vous donner quelques exemples ? Je veux dire, quelles sont les dimensions clés du pouvoir et les éléments clés du pouvoir, et pour faire quoi, qui comptent dans un paysage lorsque nous parlons de parties prenantes multiples ?

Kim : Je veux dire qu’il y a une ligne dure, bien sûr, avec le pouvoir. Ainsi, pour une grande partie de nos paysages, nous sommes confrontés à des conflits violents, qui sont en quelque sorte la forme ultime du pouvoir oppressif. C’est ce que nous constatons, par exemple, dans notre paysage de Papouasie-Nouvelle-Guinée. C’est ce que nous constatons dans notre paysage burkinabé. Le paysage que nous partageons entre le Tchad et la République centrafricaine également. Il s’agit d’un aspect essentiel de la mise en œuvre de la GIP dans ces contextes. C’est donc un aspect de la question. Mais je pense aussi que, lorsque nous parlons de la GIP, nous devons vraiment attirer l’attention sur le fait que le premier mot de la GIP est « intégration », ce qui, à mon avis, est une déclaration de pouvoir. Souvent, la forme la plus élevée d’intégration est la collaboration, mais il existe des acteurs puissants qui empêchent la collaboration et y font obstacle, et le pouvoir devient alors une facette importante à laquelle nous devons prêter attention si nous voulons l’intégration. Cela devient alors un élément central de notre réflexion sur la manière dont nous nous engageons avec les parties prenantes et sur les systèmes de gouvernance qui émergent alors de cette collaboration.

Le premier mot de la GIP est « intégration », et je pense que l’intégration est une déclaration de puissance.

Kim Geheb

Peter : Il est également important de réfléchir aux sources d’énergie. Vous pouvez donc avoir des personnes économiquement puissantes. Vous avez un pouvoir politique. Il existe d’autres types de pouvoir social qui confèrent aux individus des droits et des obligations au sein d’un paysage et qui influencent la manière dont les gens interagissent. Il existe des sources formelles de pouvoir et des sources informelles de pouvoir, des règles coutumières, des traditions qui déterminent la manière dont les gens travaillent. Mais aussi, dans certains des paysages où nous travaillons et où il y a des activités illicites, le problème est en fait le manque de pouvoir de certains acteurs clés. Vous vous trouvez peut-être dans une région frontalière où les gouvernements ne sont pas très présents et où, par conséquent, le trafic de drogue transfrontalier influe sur la manière dont les gens interagissent dans un paysage. Soit le gouvernement est absent et ces acteurs font partie du paysage, soit ils ont été cooptés d’une manière ou d’une autre et le pouvoir ne vient pas seulement de la puissance économique de ces acteurs illicites, mais aussi de la menace de la violence. Vous devez donc être conscient, lorsque vous travaillez dans ces paysages, que vous ne mettez pas les gens en danger lorsque vous partez parce que vous les avez encouragés à exercer leurs droits ou à défendre leur cause.

Valentina : Je pense que c’est très important parce que nous avons souvent l’impression ou l’hypothèse que lorsque vous parlez de l’État ou « el estado », il y a du pouvoir. Mais en fait, dans notre analyse, c’est souvent la fragilité de l’État qui génère et souvent les auteurs publics peuvent générer. C’est donc très intéressant. Quel est alors le pouvoir des praticiens de la GIP? Ainsi, lorsqu’ils commencent à intervenir dans un paysage, à s’engager avec les parties prenantes, ils viennent bien sûr d’une institution qui porte un nom, mais quel est le type de pouvoir qu’ils doivent exercer ? Le type de pouvoir dont ils disposent au départ et le type de pouvoir qu’ils doivent affirmer pour créer cette dynamique constructive. Qu’en pensez-vous ? Comment décririez-vous ce problème ?

Kim : Je pense que c’est profond et qu’une intervention doit être consciente du pouvoir qu’elle apporte à un paysage, car il s’agit essentiellement d’un paysage de pouvoir. Fondamentalement, lorsque nous parlons d’une réussite sur la GIP, c’est parce que les relations de pouvoir entre les acteurs ont été reconfigurées de manière positive. Ainsi, une grande partie du pouvoir qu’une intervention peut apporter dans un contexte la GIP est, par exemple, comme Peter l’a mentionné, le pouvoir de convocation : la capacité de rassembler les acteurs au sein du paysage. Je pense que nous sous-estimons souvent la difficulté de la collaboration, mais notre capacité en tant qu’intervention à « tisser » la collaboration a un fort potentiel. Par exemple, si nous introduisons dans l’équation des médiateurs ou des facilitateurs – des personnes qui possèdent les compétences non techniques nécessaires pour permettre ou faciliter le rapprochement des personnes – cela devient alors très important.


Je pense également que le pouvoir de la voix est une chose à laquelle nous accordons très peu d’attention. L’une des principales caractéristiques des plateformes multipartites est l’émergence d’une voix. Il s’agit de faire en sorte que les gens se sentent enhardis et suffisamment confiants pour pouvoir s’exprimer sur les problèmes auxquels ils sont confrontés dans les paysages. Très souvent, les choses dont ils parlent sont des déséquilibres de pouvoir importants au sein du paysage. Supposons donc que nous ayons un paysage dans lequel se trouve une très grande entreprise. Cela change immédiatement la dynamique du pouvoir. Il s’agit d’une présence massive, et une intervention peut donc avoir les moyens de diminuer ce pouvoir ou d’attirer cet acteur dans l’arrangement du paysage. Pour y remédier, l’intervention pourrait tirer parti de ses propres relations avec le gouvernement, par exemple. Il s’agit là d’un point essentiel : de nombreuses interventions s’appuient sur des réseaux que les populations locales n’ont pas. Nous devons également comprendre qu’à des échelles plus élevées, il existe toutes sortes de dynamiques de pouvoir ; nous pouvons avoir des ONG qui sont privées de pouvoir par rapport à l’État ou au gouvernement. Peter a soulevé un très bon point : la plupart des contextes dans lesquels nous opérons sont sous-réglementés et la présence de l’État est très faible, de sorte que nous avons un trou. En fait, parler de pouvoir formel dans ces contextes peut s’avérer dénué de sens. Tout est informel et cela crée une dynamique propre. En tant qu’intervention, nous avons une capacité phénoménale à modifier la dynamique du pouvoir, et pour comprendre comment nous pouvons le faire, nous devons nous intéresser de près au pouvoir : comment le caractériser, comprendre sa dynamique et comment il circule dans le paysage, comment il influence le paysage. Nous pouvons alors nous positionner de manière à modifier cette dynamique dans un sens positif.

Peter : Nous sommes très conscients de la nécessité d’intervenir en tant qu’acteurs neutres, ou d’essayer de le faire. Vous entendrez parler d' »honnête courtier » : lorsque nous arrivons, nous sommes en mesure d’aller parler au propriétaire d’une entreprise forestière ou de rendre visite à un éleveur, alors qu’une ONG environnementale peut avoir des difficultés à établir des liens avec ces acteurs parce que son programme environnemental est perçu comme une menace pour les moyens de subsistance de ces autres acteurs.

Souvent, nous nous rendons sur place avec un programme de conservation, mais nous essayons de mettre cela en arrière-plan et de faire passer le message que dans la plupart des paysages, il est possible de trouver un terrain d’entente, des intérêts communs. Vous ne devez pas nécessairement vous concentrer directement sur les principaux conflits, mais vous pouvez trouver de nombreuses autres dynamiques qui peuvent être résolues par la négociation, parce que les gens ont généralement des intérêts dans des domaines tels que l’eau propre, les gens aiment éviter la pollution là où ils vivent, les gens veulent évidemment éviter les menaces de violence… Il y a donc des opportunités.

Peter Conkleton

Valentina : J’allais poser une question sur le pouvoir d’un praticien la GIP. Elle est étroitement liée à la capacité du praticien : la capacité à rassembler, à établir la confiance, le pouvoir qui découle de la responsabilité et également la capacité à identifier cet « espace neutre », à être perçu comme un propriétaire. Je pense que c’est très important, mais il peut y avoir un problème lorsqu’il y a des questions liées aux conflits, à la conservation, au développement… Très souvent, nous avons des institutions de conservation très fortes qui viennent gérer le paysage, et peut-être qu’elles ont déjà un héritage et qu’elles ont un agenda très clair, alors est-ce que cela réduit leur pouvoir de rassemblement en tant que praticien la GIP? Ou que doivent-ils faire pour être perçus comme plus neutres et plus aptes à travailler réellement sur les différentes dimensions ?

Très souvent, nous avons des institutions de conservation très fortes qui viennent gérer le paysage, et peut-être qu’elles ont déjà un héritage et qu’elles ont un agenda très clair, alors est-ce que cela réduit leur pouvoir de rassemblement en tant que praticien la GIP? Ou que doivent-ils faire pour être perçus comme plus neutres et plus aptes à travailler réellement sur les différentes dimensions ?

Valentina Robiglio

Peter : Vous entendez parfois parler de la conservation en forteresse : il s’agit d’une approche très descendante, très axée sur le commandement et le contrôle de la conservation. De nombreuses ONG environnementales et de nombreux gouvernements ont été confrontés au problème de la création d’ennemis parmi les acteurs locaux. Les personnes qu’il faut convaincre de l’importance de la conservation, de certains types de biodiversité ou de la conservation de différents paysages, sont considérées comme une menace par le gouvernement et ces personnes considèrent les techniciens ou les employés d’une ONG comme des menaces. Au cours des dernières décennies, on a donc assisté à une évolution vers des stratégies telles que la cogestion, dans le cadre de laquelle les environnementalistes tentent d’identifier des moyens de subsistance durables ou des alternatives permettant aux populations locales de continuer à gagner leur vie, de nourrir leur famille, d’avoir des opportunités et de ne pas devoir nécessairement extraire les ressources d’une forêt menacée ou convertir les mangroves à d’autres usages. Quel que soit le paysage, c’est un défi. C’est un sujet sur lequel nous travaillons encore, mais s’il y a un consensus général sur le fait que les populations locales ne tirent pas de bénéfices de la biodiversité, il est difficile de les convaincre, sans autre forme d’incitation, qu’elles devraient collaborer.

Valentina : J’ai maintenant une question à poser. Si nous réfléchissons à ce pouvoir, vous avez mentionné les personnes, les institutions. Nous pouvons penser au pouvoir au niveau de la famille, des hommes, des femmes et des jeunes. Pouvez-vous donner quelques exemples de points d’entrée pour faire bouger tous ces leviers de manière imbriquée dans le paysage, en commençant peut-être par la famille et la participation. Comment l’activer ?

Kim : D’une certaine manière, comment nous situons-nous ? Je pense que vous avez abordé un très bon point, à savoir que le pouvoir est relatif. Vous ne pouvez pas avoir quelqu’un tout seul et le rendre puissant. Il s’agit d’un pouvoir sur, d’un pouvoir avec ou d’un pouvoir sous. Nous comprenons donc que lorsque deux personnes ou deux groupes se réunissent, le pouvoir monte en flèche, éventuellement dans des directions positives. Rappelez-vous que le pouvoir n’est pas nécessairement une mauvaise chose.

Valentina : C’est pourquoi vous voulez donner du pouvoir.

Kim : Exactement, car la caractérisation du paysage en termes de pouvoir devient alors extrêmement pertinente. Et ce que je trouve souvent très intéressant, c’est que d’autres méthodologies, ou même des méthodologies émergentes, s’intéressent à la manière dont nous pouvons caractériser le pouvoir dans le paysage. Je ne veux pas entrer dans les détails techniques, mais l’une des méthodes avec lesquelles nous avons joué est cette technique appelée « cartographie du réseau ». Il s’agit d’une approche axée sur les parties prenantes, c’est-à-dire que nous identifions les parties prenantes, mais l’essentiel est de pouvoir caractériser les relations entre les parties prenantes. Je dis souvent que c’est l’entre-deux des choses qui est pertinent. Ce ne sont pas les acteurs individuels qui sont en cause. Bien sûr, nous les aimons, ce sont de bonnes personnes, mais ce sont les relations qu’elles partagent avec les autres qui sont importantes pour le paysage.

Valentina : Vous vous concentrez donc sur les flèches ?

Kim : Oui.

Valentina : D’accord.

Kim : Et caractériser cela comme un pouvoir sous, un pouvoir sur ou un pouvoir sous. Ensuite, nous pouvons commencer à réfléchir à des stratégies permettant de modifier ces relations. Je pense également que ce qui devient vraiment essentiel ici, c’est que lorsque nous caractérisons ces relations, cela nous permet de voir où se situent nos risques dans le paysage. Je veux dire que si vous avez un seul acteur qui n’a aucun compte à rendre dans le paysage, nous devons réfléchir à la manière dont nous allons traiter cette présence dans notre système. Et cela devient alors très important pour la réussite globale d’un projet.

Et je voudrais juste aborder un dernier point : ce qui a toujours été très surprenant pour moi, c’est que, lorsque nous réalisons ces cartes nettes avec des projets individuels, les projets se situent très rarement eux-mêmes dans la carte, et je trouve cela très intéressant. Je pense que c’est peut-être parce qu’ils se sentent modestes et qu’ils ne veulent pas suggérer qu’ils ont une présence non naturelle dans le paysage. Mais, de la même manière, s’ils ne sont pas situés dans le paysage, nous n’avons pas d’idée de ce que ce projet doit faire en termes de changement de ces différentes relations entre les partenaires. De même, que doit faire le projet pour lui-même afin d’être couronné de succès ? De quelles relations a-t-il besoin ? Quelles sont les relations qu’il doit gérer ? Quelles sont les relations qu’elle souhaite éviter ? Il s’agit également d’un élément clé.

Ensuite, nous pouvons commencer à réfléchir à des stratégies permettant de modifier ces relations. Je pense également que ce qui devient vraiment essentiel ici, c’est que lorsque nous caractérisons ces relations, cela nous permet de voir où se situent nos risques dans le paysage. Je veux dire que si vous avez un seul acteur qui n’a aucun compte à rendre dans le paysage, nous devons réfléchir à la manière dont nous allons traiter cette présence dans notre système. Cela devient alors très important pour la réussite globale d’un projet

Kim Geheb

Valentina : Je pense que cela se produit parce que les praticiens arrivent dans un paysage et que des exercices tels que la cartographie des parties prenantes, la cartographie du réseau, sont considérés comme « établissons une base de référence ». Par conséquent, lorsque vous établissez une base de référence, vous voulez être neutre. Il doit s’agir de l’image de votre paysage, afin que vous ne vous mettiez pas dans l’image.

Kim : Parce que vous peignez, n’est-ce pas ?

Valentina : Oui, absolument. Je pense donc qu’il s’agit là d’un message important. Pour moi, il est très important de savoir comment comprendre les acteurs… Nous avons récemment évalué le travail que nous avons effectué au Pérou dans le domaine de l’égalité des sexes, où certaines femmes ne participent pas activement et n’ont pas beaucoup d’influence. En tant qu’acteur externe, vous vous rendez compte de l’énorme écart entre les hommes et les femmes, mais ils ne semblent pas en être vraiment conscients, au point de dire « non, mais je ne veux pas le faire. Je suis satisfaite de mon niveau d’agence ». Comment intervenir de manière à ce que les gens se rendent compte qu’ils ont besoin d’être responsabilisés et qu’il doit y avoir quelque chose ?

Peter : Nous avons travaillé sur des approches de transformation du genre dans le domaine de la conservation, de la réforme du régime foncier, et sur différents types de projets. L’un des mécanismes que nous avons trouvé très efficace est simplement l’échange où les femmes peuvent partager leurs expériences, entendre les opportunités des autres, en particulier lorsque les femmes peuvent interagir avec d’autres femmes qui sont devenues des dirigeantes d’organisations ou d’entreprises. Elles nous ont rapporté qu’après avoir participé à ces échanges où elles identifient un terrain d’entente, des conflits ou des défis similaires auxquels elles sont confrontées et où elles entendent les expériences d’autres femmes qui ont surmonté ces défis, les femmes sortent de ces échanges avec une plus grande confiance. Plus important encore, ils se rendent compte qu’ils jouent déjà ces rôles dans leurs communautés, souvent derrière des portes closes. Vous savez que dans certaines sociétés et certaines communautés, les femmes ne se lèvent pas publiquement dans une réunion pour exprimer leur opinion, mais elles s’assurent que l’opinion de leur mari exprimée en public reflète également leurs intérêts. Mais lorsqu’elles commencent à apprendre comment d’autres femmes ont utilisé des stratégies ou trouvé des moyens de créer des entreprises ou des organisations, ces femmes commencent à réfléchir ou à parler à leurs voisins, à rencontrer leurs filles et à discuter de la manière dont elles pourraient tirer parti des opportunités qui se présentent à elles, ou dont elles pourraient se positionner au sein de leur communauté, au sein de leur association, c’est différent. L’un des aspects essentiels des approches de transformation du genre est qu’il est impossible de modifier la dynamique du pouvoir dans un ménage ou dans une société sans l’implication des hommes et des femmes. Pour créer une situation où les femmes peuvent être autonomes, il faut donc convaincre les hommes et les garçons que le fait que les femmes jouent un rôle plus actif dans une entreprise ou prennent la direction d’une organisation est dans l’intérêt de tout le monde.

Valentina : Je pense que c’est important parce qu’il convainc les autres que l’acteur devrait avoir plus de pouvoir. Cela me rappelle le jeu auquel nous avons joué lors du sommet mondial sur les palmiers à huile. Je pense que cette approche a été utile pour faire comprendre aux groupes les différentes formes de pouvoir et leur interaction. Quelles sont les choses gagnées ou quelles sont les autres approches qui peuvent être utilisées pour faire prendre conscience aux gens ? Nous avons la cartographie du réseau ; nous avons des jeux pour comprendre la dynamique du pouvoir, son interaction dans le temps, et comment faire comprendre aux gens qu’ils peuvent être changés ? Que peuvent faire les praticiens du site la GIP?

Kim : Lorsque Peter parlait tout à l’heure, l’une des choses qui m’est venue à l’esprit, bien sûr, c’est qu’il existe de nombreuses espèces différentes de pouvoir. Et la façon dont cela s’articule est souvent quelque chose dont nous ne nous rendons pas nécessairement compte lorsque nous entrons dans une situation. Avec notre formation et notre expérience, nous sommes en quelque sorte entraînés à rechercher des types particuliers de puissance sans nécessairement observer d’autres types.

Valentina : La dynamique est dans l’interaction.

Kim : Exactement. Alors, bien sûr, nous ne pouvons obliger personne à faire quoi que ce soit. Ce n’est jamais notre rôle, mais je trouve intéressant que lorsque nous parlons de création d’opportunités, il est possible de formuler cela en termes de pouvoir : comme créer de nouveaux espaces où les gens sentent qu’ils peuvent exercer leur pouvoir. Ils peuvent ensuite saisir cette opportunité s’ils le souhaitent. Les forums multipartites peuvent constituer ces espaces, et je pense que nous pouvons les utiliser pour aider les gens à explorer le pouvoir qu’ils ont et les possibilités que les projets leur offrent et qui peuvent leur donner les moyens d’obtenir des résultats au niveau du paysage.

Nous sommes aujourd’hui en présence d’un excellent exemple d’une immense dynamique de pouvoir, ici, dans le nord du Kenya. Il s’agit du Lewa Wildlife Conservancy. En tant que conservatoire, nous pouvons comprendre le pouvoir de ce lieu en termes, par exemple, de régime foncier. Le régime foncier est un aspect auquel les membres du CIFOR-ICRAF accordent beaucoup d’attention : le pouvoir de limiter la capacité des gens à accéder à ces ressources ici. Lorsque nous pénétrons dans ce paysage, nous nous concentrons sur les animaux sauvages qui s’y trouvent, mais le pouvoir se trouve dans l’herbe. C’est le fourrage qui est là. C’est l’herbe qui est au centre des tensions entre les grandes réserves naturelles du nord du Kenya et les nomades et éleveurs de bétail qui vivent à l’extérieur de ces réserves. Lorsque les tensions entre eux s’exacerbent, il s’agit d’herbe. Alors, en prenant conscience de cette relation, comment pouvons-nous l’améliorer ? Nos hôtes ici, le Northern Rangelands Trust, en sont conscients et une grande partie de leurs interventions avec les communautés dans ce paysage porte spécifiquement sur les pâturages. Comment améliorer les pâturages ? Comment s’assurer que les pâturages sont disponibles pendant la saison sèche ? Il s’agit d’une région très affectée par le changement climatique, et il est donc difficile de prévoir le climat ou le temps qu’il fera au cours de l’année. Comment, dans ces conditions, s’assurer qu’il y a suffisamment de fourrage pour les millions de bovins et de caprins qui sont là, et qui soutiennent ainsi les moyens de subsistance de chacun ? Comment, dans ces conditions, pouvons-nous nous assurer qu’il y a suffisamment de fourrage pour les millions de bovins et de chèvres qui sont là, et qui soutiennent ainsi les moyens de subsistance de tout le monde ? Cela devient alors une opportunité, et nous devons donc commencer à considérer ce type d’interventions managériales comme des opportunités de pouvoir.

Valentina : Je pense que vous venez de mentionner une chose importante. Ce n’est pas strictement lié au pouvoir, mais vous dites en quelque sorte que, dans un paysage où, par exemple, vous avez tous ces objectifs de conservation et où le problème est celui des conflits et des frictions à propos de l’herbe, la solution peut se trouver à l’extérieur. Vous pouvez donc dire que votre paysage est celui-ci, et la chose la plus facile est de définir un système par rapport à ce que nous voyons ici, mais en fait la solution consiste à intervenir sur un terrain qui se trouve en dehors des limites géographiques de cette zone. Il s’agit là d’un véritable système de pensée. J’interviens dans d’autres domaines, je génère des ressources à l’extérieur afin que les gens réduisent la pression sur ce point. Je pense qu’il est très important de comprendre cela, non seulement en termes de dynamique du pouvoir ou de ses systèmes.

Kim : Mais c’est aussi une question de responsabilité. Je veux dire par là qu’une organisation comme NRT a un très grand nombre d’adhérents répartis dans tout le nord du Kenya, ce qui inclut d’autres réserves de faune et de flore ainsi que des communautés nomades. Il y a donc une conversation dynamique sur la façon de traiter cette herbe politique : certains veulent autoriser les communautés voisines à accéder à la zone de conservation à condition qu’elles respectent les lignes directrices. Ils ne veulent pas, bien sûr, que la terre soit complètement dénudée de sa couverture végétale. D’autres préfèrent n’autoriser le bétail communautaire à pénétrer sur leurs terres que lorsque les circonstances sont graves, par exemple en cas de sécheresse. D’autres encore préfèrent ne jamais autoriser les nomades à pénétrer sur leurs terres.

Ce texte a été édité pour plus de clarté et diffère légèrement de l’enregistrement original.

Paysages en pratique : Nos guides pour les champions du paysage

La composante centrale est chargée de synthétiser et de diffuser les connaissances et les enseignements tirés des 22 projets du site Landscapes For Our Future. Notre nouvelle série de guides à l'intention des praticiens vise précisément à faciliter la mise en œuvre de ce que nous proposons comme étant les six dimensions ou éléments fondamentaux des approches paysagères.

Nos missions d’apprentissage dans presque tous les projets, nos longues discussions et communications avec les responsables de la mise en œuvre des projets sur le terrain et, surtout, notre sommet mondial et notre échange d’expériences, au cours desquels des représentants de 18 des 22 projets se sont rencontrés, ont travaillé en atelier, ont comparé leurs notes et ont partagé leurs expériences, ont permis de recueillir une quantité importante de données et de connaissances. Ajoutez à cela le volume considérable de recherches universitaires sur les approches paysagères menées par notre équipe, nos collègues du CIFOR-ICRAF et d’autres membres de la communauté scientifique, et il est évident qu’il y a une grande quantité d’informations à synthétiser.

Les champions du paysage sont ces héros de tous les jours qui s’appliquent La gestion intégrée des paysages dans des lieux et des espaces du monde entier, ainsi que les chercheurs, les stratèges, les décideurs politiques et les bailleurs de fonds qui défendent le processus.

Nos guides du praticien sont des résumés concis destinés à des personnes très occupées. Nous présentons l’état des connaissances sur chaque sujet de manière simple et accessible afin que les champions du paysage puissent se concentrer sur les processus au cœur de La gestion intégrée des paysages.

Dans cette série :

Une vue d’ensemble la GIP lisez le résumé ou téléchargez l’article


Institutionnalisationlire le résumé ou télécharger l’article


Apprentissage itératif et adaptationlire le résumé ou télécharger l’article (en anglais)


Identification des parties prenanteslire le résumé ou télécharger le document


Forums plurilatéraux – à venir

Vision commune – bientôt disponible

Newsletter #6 | Décembre 2023

Notre lettre d'information de fin d'année reflète quelques-uns des faits marquants et des points forts de notre sommet mondial.

Incroyable. Engageant. Enrichissant. Une source d’inspiration. Intégré. Un peu d’émotion…

C’est ainsi que les participants décrivent notre récent Sommet mondial et échange de connaissances qui a rassemblé des représentants de la plupart des 22 projets « Paysages pour notre avenir » dans le monde. Voici un aperçu de ce que vous avez peut-être manqué. (Et bien d’autres choses encore en perspective pour 2024).

PLUS : Parlez-nous des communautés de pratique: Qu’est-ce que c’est ? Quand ? Comment ? Qui ?

Gardez à l’esprit l’objectif du programme « Paysages pour notre avenir », qui est – à travers ces 22 projets pilotes – de guider les délégations de l’UE et les partenaires sur la manière de mettre en œuvre l’AIT.


Bernard Crabbé, Chef du secteur de l’intégration de l’environnement et de l’économie circulaire à la DG INT de la Commission européenne
Des photos amusantes, n’est-ce pas ? Vous trouverez de nombreuses autres photos du sommet dans nos archives.

Nous sommes déterminés à jouer un rôle de chef de file dans le domaine des paysages. Nous recherchons des occasions d’intégrer les approches paysagères dans les institutions mondiales et nationales et nous nous efforçons constamment d’approfondir notre compréhension de la manière dont cela peut être réalisé efficacement.


Eliane Ubalijoro, PDG du CIFOR-ICRAF, s’exprimant lors de l’ouverture du sommet

RÉCITS DE TERRAIN:

Communication de GIP et l’art de raconter des histoires


Patricia Roche, de notre projet Cerrado Biome au Brésil et au Paraguay, nous a captivés avec ses histoires d’herbe dorée, de sac à main de dame et de richesse en eau de son paysage dépourvu d’arbres.

Enfant, avez-vous déjà joué au jeu du « téléphone cassé » ? Celui où vous chuchotez quelque chose à une personne qui le chuchote à la suivante et ainsi de suite jusqu’à ce que l’histoire vous revienne avec des détails très différents. Ou, le plus souvent, pas de détails du tout.

N’est-ce pas ce qui finit souvent par se produire lorsque nous exposons au monde les faits relatifs à nos projets louables ? Inspirons-nous les gens pour qu’ils racontent nos histoires ? Et lorsqu’ils le font, quelles informations transmettent-ils aux auditeurs suivants et aux auditeurs suivants et aux auditeurs suivants ?

Lors du sommet, nous avons mis les participants au défi de raconter une histoire sur leur paysage – quelque chose qui retiendrait l’attention des auditeurs et capterait leur imagination. Comme accessoires, ils n’avaient qu’une œuvre d’art sur laquelle nous avions collaboré. Pas de PowerPoint, pas de texte – juste une narration artistique. Les résultats sont magiques ! Il s’avère que nous comptons parmi nous de nombreux conteurs talentueux.


CONNAISSANCES:

Les pros en action


Khalil Walji et Freidah Wanda se livrent à de sérieuses négociations.

Le sommet a réuni plus de 50 praticiens de GIP pour explorer les rouages d’une approche intégrée de la gestion des paysages. Mais quelle est la meilleure façon d’amener tout le monde à une compréhension commune de ces principes ?

Un jeu, bien sûr !

Le jeu de stratégie de Claude Garcia simulait la chaîne d’approvisionnement en huile de palme au Cameroun, et les participants ont joué leur rôle avec aplomb. Le fait d’endosser différents rôles de parties prenantes désignées nous a tous aidés à mieux comprendre les effets des décisions, des valeurs et des choix sur les écosystèmes. Apprentissage sérieux. Mais aussi beaucoup de rires.

Le coordinateur adjoint de la composante centrale, Khalil Walji, a si bien résumé la session sur ses médias sociaux que nous avons partagé sa sagesse sur notre Knowledge Hub.


SONDAGE:

Communautés de pratique, bien sûr. Mais comment ? Qu’est-ce que c’est ? Quand ? Où ?

Une communauté de pratique est un groupe de personnes qui « partagent une préoccupation ou une passion pour quelque chose qu’elles font et qui apprennent à mieux le faire en interagissant régulièrement ».

L’idée de développer de tels groupes est apparue avec force au cours du sommet. Nous avons tous convenu qu’ils seraient utiles. Mais sommes-nous d’accord sur leur nature et sur la manière dont nous voulons les gérer ? Veuillez nous indiquer ce que vous aimeriez voir créer et comment vous aimeriez être impliqué en répondant à 5 questions rapides dans notre enquête.

Nous vous souhaitons d’excellentes fêtes de fin d’année et nous nous réjouissons à l’idée de tirer parti de nos réussites et de nos enseignements en matière de gestion intégrée du paysage en 2024 ! – Votre équipe de la composante centrale

Terminer en pensant au début

Un paysage, deux juridictions et un projet visionnaire qui se termine au début : le projet GML se termine avec des groupes de travail basés sur les ressources dans le paysage d'Atiwa au Ghana, avec des plans d'action dans les mains et de l'empathie dans le cœur.

C’est une journée chaude et humide de juin à Kade et l’atmosphère est encore plus chaleureuse : sourires et plaisanteries, vêtements colorés et salutations démonstratives. Le sentiment d’accomplissement et de félicitations mutuelles est palpable. Et ce à juste titre : aujourd’hui a lieu la cérémonie de clôture d’un projet triennal innovant qui a fait ses preuves.

Le projet Governing Multifunctional Landscapes (GML), financé par l’Union européenne, a travaillé dans le paysage d’Atiwa, dans l’est du Ghana, pour développer une approche juridictionnelle permettant de dissocier l’expansion de l’agriculture de la déforestation. « Des expériences réussies dans le monde entier montrent que les approches juridictionnelles peuvent concilier des objectifs souvent considérés comme contradictoires », explique George Schoneveld, chercheur principal au CIFOR-ICRAF. « Améliorer la production sur les terres agricoles existantes, conserver les ressources naturelles et créer de la valeur pour les petits exploitants : tous ces objectifs peuvent être atteints si toutes les parties prenantes au sein d’une juridiction sont réunies. »

Tout cela semble excellent, mais prenons un peu de recul : qu’est-ce qu’une approche juridictionnelle ?

L' »approche juridictionnelle » est une méthode de gouvernance des paysages qui se concentre sur le développement de la collaboration, de la négociation et de la prise de décision entre plusieurs parties prenantes à l’intérieur de frontières administratives entières. Elle rassemble les différents acteurs privés, publics et de la société civile présents dans un paysage particulier, afin qu’ils collaborent à la conservation, à la durabilité de la chaîne d’approvisionnement et aux objectifs de développement vert.

GML a convoqué des plateformes multipartites sous la forme de groupes de travail basés sur les ressources et axés sur les produits à risque de déforestation (cacao, palmier à huile, caoutchouc et récupération minière) dans deux juridictions adjacentes aux réserves forestières de la chaîne d’Atiwa dans le sud-est du Ghana, afin d’élaborer un dossier commercial et des voies d’action pour un développement intelligent sur le plan climatique, respectueux de la forêt et socialement inclusif.

L’objectif global de chacun d’entre eux est d’élaborer une « stratégie de développement du paysage » pour son secteur, qui s’aligne sur les priorités des autorités locales et des multiples parties prenantes du paysage et qui est entièrement détenue par les gouvernements locaux, les chefs traditionnels, les petits exploitants agricoles, les producteurs agricoles, les utilisateurs de la forêt, les entreprises et les autres acteurs de la chaîne de valeur et d’approvisionnement.

Retour à Kade, la capitale de la municipalité de Kwaebibirem, où ces différents acteurs sont tous réunis et se saluent chaleureusement. Le discours d’ouverture de cette cérémonie de clôture donne le ton des discours qui vont suivre, soulignant les succès et – avec franchise et humilité – les leçons tirées des processus GML. S’exprimant au nom du chef de l’exécutif municipal de Kwaebibirem, Seth Antwi Boasiako, le directeur de la coordination municipale, Fred Owusu Akowuah, souligne que le projet a créé une plateforme permettant aux acteurs de chaque chaîne de valeur de se réunir pour discuter des questions qui affectent leurs activités.

« Cela a permis à l’Assemblée de mieux comprendre certaines des questions transversales », note-t-il candidement, en soulignant les résultats significatifs et de grande portée de ces réflexions : « Grâce à cela, nous avons mis à jour notre plan de développement à moyen terme (PDMT) pour qu’il soit inclusif et qu’il montre clairement comment les chaînes de valeur des cultures arboricoles peuvent être utilisées à bon escient comme outils de développement rural.

« Grâce à cette base de connaissances, poursuit-il, le comité économique local de l’Assemblée a été renforcé et habilité à traiter les questions qui se posent dans le secteur de l’arboriculture. Plus important encore, la participation du personnel de l’Assemblée aux activités du GML a renforcé notre capacité à repenser la planification du développement dans la perspective du paysage et de l’environnement dans lesquels nous vivons. »

C’est alors qu’il mentionne la carte. « Cela est renforcé par la carte participative en 3D que nous avons créée et récemment mise à jour grâce au soutien et à la facilitation du CIFOR. La carte en 3D nous aide à mieux apprécier et communiquer les problèmes de dégradation de l’environnement et la nécessité d’un développement durable des paysages. »

La carte 3D en question est mentionnée par un certain nombre d’orateurs qui suivent – chaque groupe de travail a l’occasion de présenter les leçons qu’il a tirées et les points clés des stratégies qu’il a maintenant élaborées. La carte est manifestement une source de fierté, et le processus de sa mise en place a été un catalyseur notable de la compréhension et de la coopération.

Preuve de son importance, des boîtes de documents ont été empilées en tours renversantes, reléguées sur les bords d’une pièce adjacente, pour faire de la place à cette grande sculpture en relief qui représente graphiquement le paysage – de ses montagnes boisées à l’écosystème unique, à ses trois rivières principales qui fournissent l’eau potable de la capitale, aux nouvelles routes et infrastructures et, sur les franges occidentales, à la scène agricole florissante dans laquelle les grandes plantations gérées par des sociétés internationales et ghanéennes coexistent avec les petits exploitants et les mineurs d’or artisanaux.

Lors d’un entretien accordé plus tard dans cette même salle, le docteur Alfred Asuming Boakye, du Centre de recherche sur les forêts et les cultures horticoles de l’Université du Ghana, passe son bras sur cette représentation en plâtre de Paris codée par couleur, avec ses ficelles, ses épingles et ses notes autocollantes, et il parle d’empathie. En montrant les différentes couleurs – la représentation peinte en gris des zones construites, les verts des plantations et de la végétation, et les tons criards des zones dégradées par l’exploitation minière illégale – il s’émerveille du pouvoir de ces différents acteurs qui se réunissent pour discuter de leurs points de vue par l’intermédiaire des plateformes multipartites.

« Mais lorsque nous nous sommes réunis, nous avons réalisé qu’il y avait des choses que nous avions peut-être manquées. Et en fait, il y avait des choses que nous avions manquées. Ils ont donc apporté leur point de vue, puis nous avons apporté le nôtre et tout le monde a apporté le sien. C’est ainsi que l’on obtient un aspect global des défis à relever », explique-t-il, en agitant encore les mains pour montrer la représentation complète du paysage dans le modèle 3D. C’est alors qu’il mentionne le mot « e ».

« Si vous ne partagez pas vos problèmes, vous n’obtiendrez pas d’empathie. Mais une fois que vous partagez vos problèmes et que les gens comprennent ce que vous vivez, ils l’apprécient. Ainsi, s’il y a une aide quelconque pour vous aider, vous saurez que ces personnes vous comprennent très bien et, sur cette base, seront en mesure de vous fournir l’aide nécessaire. L’empathie est donc très importante, et c’est ce qui ressortira des collaborations que nous avons eues.

Cette empathie, explique-t-il, a motivé les divers acteurs du paysage à élaborer conjointement des solutions et la théorie du changement qui constitue la base des stratégies des groupes de travail respectifs – les voies d’action qu’ils sont maintenant fiers, à juste titre, d’exposer dans cette chaleureuse salle Kade. Des stratégies qu’ils présenteront à des donateurs potentiels afin qu’à l’avenir, de nouveaux projets de développement puissent s’articuler autour d’une vision commune dans laquelle le Ghana protège ses forêts tout en veillant à ce que les agriculteurs bénéficient d’un secteur agricole en plein essor.

Fred Owusu Akowuah, directeur de la coordination municipale de Kwaebibirem, s’exprimant au nom de Seth Antwi Boasiako, chef de l’exécutif municipal.

C’est d’ailleurs sur cette durabilité que repose l’ensemble du projet. Emily Gallagher, coordinatrice du projet, montre le symbole de l’infini en trois parties qui entrelace les mots « ECONOMY », « ECOLOGY » et « EQUITY » sur les brochures et l’image de marque de GML.

« La durabilité est comme un tabouret à trois pieds. Si l’une des pattes est faible, retirée ou ignorée, le tabouret ne peut pas tenir très longtemps. Ainsi, pour nous, l’économie consiste à augmenter la production des exploitations en vue d’une intensification durable, l’écologie consiste à pratiquer une agriculture intelligente sur le plan climatique et des pratiques respectueuses des forêts, et l’équité consiste à améliorer les avantages pour les populations locales. »

Emily Gallagher, scientifique senior, CIFOR

GIP et l’art de raconter des histoires

Enfant, avez-vous déjà joué au jeu du "téléphone cassé" ? Celui dans lequel vous chuchotez quelque chose à une personne qui le chuchote à la suivante et ainsi de suite jusqu'à ce qu'une histoire très différente vous revienne ? Lors de la session "Communications pour le GIP" organisée dans le cadre de notre sommet mondial, nous avons obtenu le même résultat, bien que nous ne soyons plus tous des enfants.

Pourquoi jouions-nous au « téléphone cassé » ? Pour illustrer ce qui finit invariablement par se produire lorsque nous exposons au monde les faits relatifs à nos projets louables. Dans notre marketing et nos communications, nous avons tendance à détailler le nom sophistiqué de notre projet et l’identité de ses bailleurs de fonds, et nous énumérons les nombreux résultats impressionnants que nous avons l’intention de produire… Nous utilisons un jargon technique et un langage scientifique. Mais le sens est-il transposable ? Inspirons-nous les gens pour qu’ils racontent nos histoires ? Et lorsqu’ils le font, quelles informations transmettent-ils aux auditeurs suivants et aux auditeurs suivants et aux auditeurs suivants ?

Les participants à notre atelier de communication ont été mis au défi de raconter une histoire sur leur paysage. Quelque chose qui retiendrait l’attention des auditeurs et capterait leur imagination. Nous nous trouvions dans une galerie d’art. Comme accessoires, ils n’avaient qu’une œuvre d’art sur laquelle nous avions collaboré. Pas de PowerPoint, pas de texte, juste une narration artistique.

Les résultats sont magiques ! Il s’avère que nous comptons parmi nous de nombreux conteurs talentueux. Voici deux de nos préférés.

« Vous aimez mon sac à main ? »

Patricia Roche parle de son projet dans le Cerrado du Brésil et du Paraguay

Patricia Roche, de notre projet Cerrado Biome au Brésil et au Paraguay, a attiré notre attention avec une question (et un petit accessoire sournois). Le sac élégant, de couleur dorée, qu’elle porte à l’épaule, a été fabriqué à partir de l’herbe dorée du paysage que son projet s’efforce de protéger.

« Si vous pensez à l’Amérique du Sud, je suppose que vous pensez à l’Amazonie, n’est-ce pas ? Mais l’Amazonie n’est pas le seul endroit important de tout le continent. L’une d’entre elles abrite cinq pour cent de la biodiversité mondiale. Appelé Cerrado, il est partagé entre le Brésil et le Paraguay. Aujourd’hui, je représente les deux pays et nous travaillons ensemble pour faire comprendre aux gens que cette écorégion existe et qu’elle est importante.

« Et ce que vous pouvez voir ici (elle montre la photo de la femme qui ramasse de l’herbe), c’est que ce n’est pas seulement important pour la subsistance des gens, mais si vous regardez ici (elle balaie de la main l’horizon sur l’affiche), vous verrez qu’il n’y a pas beaucoup de grands arbres, n’est-ce pas ?

« Nous nous efforçons de faire comprendre aux gens que les prairies et les savanes sont également importantes. Il s’agit d’écosystèmes naturels qui ne comptent peut-être pas beaucoup d’arbres, mais qui ont une grande importance ».

« La richesse de cette écorégion est indéniable. C’est l’eau qu’il donne au reste de la région de l’Amérique du Sud. L’eau que je bois à Asunción, la capitale du Paraguay, a donc beaucoup à voir avec ce que fournit le Cerrado.

patricia roche

« Fermez les yeux et je vous raconterai mon rêve »

Keo Samnang, du projet Our Tonle Sap au Cambodge, a pris un tournant inattendu dans son récit. D’abord préoccupé par la manière de présenter son projet sans utiliser PowerPoint, il a réussi sa présentation en faisant appel à notre imagination : il nous a demandé d’imaginer un père et son fils et le destin du paysage poissonneux qui était leur maison et leur source de subsistance.

« Imaginez qu’il y a 50 ans, la région du Tonlé Sap est riche en poissons. Un jour, une famille – le père et le fils – se rend en bateau sur la rivière. Il est très riche en poisson. Les poissons mordent et sont ramenés dans le bateau.

C’est là que le rêve tourne au cauchemar : les tristement célèbres Khmers rouges font leur entrée : « Ensuite, comme vous le savez, le Cambodge est en guerre. Les gens n’ont donc pas le droit d’aller pêcher. Au bout d’une dizaine d’années, la guerre est terminée, mais les gens ont tout perdu… » Samnang explique la spirale descendante dans laquelle le gouvernement a généré des revenus en louant les terres au secteur privé, qui a épuisé de plus en plus les ressources naturelles.

« Un jour, le père et le fils se rendent à la rivière pour pêcher le poisson, mais ils n’en trouvent plus. Ils appellent donc à l’aide pour préserver leurs ressources naturelles. Le gouvernement, les bailleurs de fonds et les ONG s’unissent pour les soutenir en créant une zone protégée et une pêcherie communautaire pour une utilisation durable. Dans le même temps, ils soutiennent les activités de subsistance en fournissant aux pauvres des buffles, ainsi que des techniques de riziculture et d’écotourisme.

« Les touristes viennent donc, les étrangers aussi, et l’argent est utilisé pour le développement de la communauté, la construction de toilettes et l’achat de matériel scolaire.

Et 20 ans plus tard, tout le monde a une surprise : les poissons sont toujours vivants et les arbres sont toujours vivants. Quant aux habitants de la région, leurs moyens de subsistance se sont améliorés et les touristes viennent de jour en jour. Nous avons un paysage vert avec une riche biodiversité et les gens sont heureux.

Keo Samnang

Chaque affiche raconte une histoire.

Gardez un œil sur nos médias sociaux pour découvrir d’autres faits marquants et les anecdotes qui les sous-tendent. 😊

Une boîte à outils méthodologiques pour les approches intégrées du paysage

Ce chapitre vise à fournir des conseils aux personnes travaillant dans le cadre d'approches intégrées du paysage. Il suggère des points clés à prendre en considération pour permettre aux personnes impliquées de mieux comprendre le contexte et la dynamique du paysage.